La pertinence du modèle
murin bousculée par
une étude américaine
 
« Il est communément admis que la délétion d’un même gène chez la souris et chez l’homme produit un phénotype identique », explique J. Zhang, l’un des auteurs de l’étude parue dans PNAS en mai dernier. « C’est sur cette base que repose l’utilisation de la souris comme modèle pour l’étude de la biologie humaine ». Or cette assertion est loin d’être toujours valable. Grâce à la base de données Online mendelian inheritance in man, J. Zhang et B-Y. Liao, du département de biologie évolutive de l’Université du Michigan, ont identifié 1 716 gènes humains impliqués dans diverses pathologies. Pour 756 d’entre eux, un orthologue murin était connu, et le phénotype du mutant knock-out avait été décrit. Parmi ceux-ci, les chercheurs ont sélectionné 120 gènes dont l’inactivation chez l’homme entraîne la mort avant la puberté ou la stérilité, et ils ont étudié les phénotypes des souris knock-out correspondantes. A leur grande surprise, 27 de ces gènes sont non-essentiels pour l’animal.
Selon les auteurs, certains processus biologiques, devenus progressivement plus importants pour l’homme que pour la souris, auraient exercé une sélection positive sur les produits de ces gènes, qui seraient passés de non-essentiels à essentiels. L’allongement de la durée de vie des primates pourrait avoir joué ce rôle. En effet, près de la moitié des 27 gènes incriminés codent pour des protéines localisées dans la vacuole. Or chez l’homme, le dysfonctionnement de cet organite impliqué dans l’élimination des déchets cellulaires est à l’origine de maladies neurologiques souvent fatales. Son rôle est en revanche moins important chez la souris, qui atteint sa maturité sexuelle bien avant que l’accumulation de déchets ne devienne toxique.
Ces résultats, s’ils ne remettent pas en cause l’utilité du modèle murin pour l’élucidation des fonctions moléculaires des gènes, posent la question de sa pertinence dans l’étude de certaines maladies.
Expérimentation animale -